Quand le corps dit stop : repérer les premiers signaux du burn-out
- Emmanuelle Dwleeschauver

- 30 juin
- 2 min de lecture

On pense souvent que le burn out arrive comme un orage soudain. Une tempête qui s’abat sans prévenir. Mais en réalité, c’est bien souvent une montée progressive, presque imperceptible.
Avant l’effondrement, il y a des signes. Des messages, parfois subtils, que le corps, le mental, l’émotionnel envoient… mais qu’on apprend à taire, à contourner, à nier. Jusqu’au jour où tout s’écroule.
Je le sais, parce que je l’ai vécu. À l’époque, j’étais directrice marketing. Une femme forte, organisée, engagée. Du moins, c’est ce que je montrais. Je cochais toutes les cases de la réussite. Mais à l’intérieur, la tension montait. Sournoisement.
Jusqu’à ce que mon corps commence à dire non. Fatigue chronique. Perte d’appétit. Insomnies. Crises de larmes inexpliquées. Et ce vide. Ce vide immense qui avale toute motivation, toute joie.
Mais je tenais bon. Je repoussais les limites, encore un peu. Je rationalisais : “ça ira mieux après ce projet”, “je suis juste fatiguée”, “je dois tenir”. Et c’est là que le plus dangereux commence : quand on ne se croit plus. Quand on minimise les alertes. Quand la charge mentale devient normale, et que le stress permanent devient un mode de fonctionnement.
Les signaux du burn out sont pourtant là. Ils ne crient pas, ils murmurent. Et si on ne les écoute pas, ils finissent par hurler. Pour moi, ça a été cette pensée, un jour, sur l’autoroute : “si j’avais un accident, je pourrais m’arrêter, j'auras une bonne excuse.” C’était mon seuil. Mon point de rupture. Et c’est ce jour-là que j’ai compris que je ne pouvais plus continuer comme ça.
Il y a une immense perte de confiance en soi qui accompagne ces moments. L’impression de ne pas être à la hauteur. De faillir. On doute de tout. Et l’estime de soi en prend un coup. On se sent vide. Creux. Perdu. On ne sait plus ce qui a du sens. On regarde sa vie comme si elle appartenait à quelqu’un d’autre.
Reconnaître ces signes, ce n’est pas être faible. C’est au contraire un acte de lucidité et de courage. C’est oser dire : “je ne vais pas bien”. C’est tendre la main, accepter de se faire accompagner. C’est poser un pas, aussi petit soit-il, vers la reconstruction.
Je n’ai pas guéri en un jour. J’ai mis des semaines entières, des mois, à sortir la tête de l’eau, accompagnée par la médecine du travail et par deux psychologues bienveillantes. Puis, il y a eu un déclic : j’ai compris que ma force résidait dans ma capacité à dire non. À poser des limites. À faire de la place pour moi.
Si aujourd’hui je parle de burn out, c’est pour que d’autres n’aient pas à aller aussi loin. Pour que ces signaux du pré burn out soient vus, entendus, pris au sérieux. Il n’est jamais trop tôt pour s’écouter. Jamais trop tard pour changer.

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